Monday, April 27, 2009

ÉTATS-UNIS/ IMMIGRATION / « TPS for Haiti » : Obama répondra-t-il positivement?







3 avril. 17 heures d’horloge. À West Palm Beach, au nord de Miami, des milliers de compatriotes haïtiens brandissent des pancartes frappées de slogans relatifs à l’octroi du Temporary Protected Status (TPS) [litt. Statut de protection temporaire] aux illégaux haïtiens. Leur souhait, c’est que l’administration d’Obama signe le «Haitian Protection Act of 2009 ».

« Barack Obama n’a pas le choix. Il doit nous accorder le TPS ». Super-motivés, dans les rues du centre-ville de West Palm Beach, durant cinq heures, des milliers de compatriotes ont crié leur ras-le-bol face à la « discrimination » de Washington vis-à-vis des ressortissants haïtiens. Comme pour les citoyens de nombreux autres pays (Honduras, El Salvador, Nicaragua…), ils estiment que les citoyens haïtiens ont aussi droit au TPS en raison de la situation socio-économique fragile et de l’instabilité politique en Haïti.
Rencontré dans un train en direction de West Palm Beach, Marlone, un chauffeur de taxi, juge que les catastrophes naturelles et l’insécurité sont des raisons évidentes pour que les États-Unis « nous » accordent le TPS. « De 2004 à nos jours, explique notre interlocuteur, le pays a connu presqu’une dizaine de catastrophes naturelles, et pour subvenir à leur besoin ou pour des raisons politiques, certains ont eu recours à des actes malhonnêtes comme le kidnapping ». Pour rien au monde, conclut-il, « je ne retournerai pas là-bas ».

En effet, selon le Department of Homeland Security (DHS), « les États-Unis accordent le TPS aux ressortissants de pays où conflits armés, catastrophes naturelles et autres conditions exceptionnelles et temporaires sévissent et contraignent ces derniers à ne pas y retourner ». En dépit du fait qu’en Haïti s’observe l’ensemble de ces critères, le TPS n’a jamais été accordé aux ressortissants haïtiens vivant illégalement aux États-Unis.

Job, avocat, a effectué un trajet d’environ 40 kilomètres pour prendre part à la manifestation du 3 avril. Sur un ton frôlant l’énervement, le professionnel explique que « le processus d’immigration est toujours plus long pour un citoyen haïtien voire même Haïtianoaméricain ». « Aujourd’hui, poursuit Job, Washington doit comprendre que notre communauté a grandi et elle est puissante. Il est temps que la discrimination envers nos concitoyens cesse ».

Le TPS, l’enjeu !

L’administration d’Obama, comme celle antérieure de Georges W. Bush, résiste face aux pressions de congressistes américains et d’activistes des droits humains pour l’octroi du TPS aux sanspapiers haïtiens, alors qu’ils y sont éligibles. Pour le National Association for the Advancement of Colored People (NAACP)* et plusieurs autres organisations de défense des droits humains, le gouvernement américain joue la carte de la discrimination envers la première République noire du monde.

Ces organisations critiquent sévèrement l’attitude inébranlable (malgré les demandes formelles, en février et octobre 2008, du président Préval) du DHS face aux sans-papiers haïtiens. En fait, la Secrétaire du DHS, selon la loi, est en mesure d’utiliser son pouvoir pour accorder le TPS aux sans-papiers haïtiens par ordre exécutif. « Mais telle n’est pas l’intention de Janet Napolitano, la Secrétaire du Department of Homeland Security », selon les médias américains.

Le représentant de la Floride, Alcee Hastings (démocrate) du Black Caucus, qui a introduit au Congrès, en janvier dernier, le« Haitian Protection Act of 2009 » a récemment demandé, par correspondance, au président américain d’accorder immédiatement le TPS aux sans-papiers haïtiens. Dans sa lettre, M. Hastings a rappellé à Barack Obama que «Haïti ne s’est pas encore récupérée des catastrophes écologiques dévastatrices, de la violence et de l’instabilité politique qui font peser de graves menaces pour la sécurité personnelle de tous ceux rapatriés de force et ceux (environ 30 000) qui sont sur le point d’être rapatriés dans ce pays d’après l’ordre de certains juges».

À son retour de son périple européen, le président Obama répondra-t-il positivement à la requête du congressiste et des ressortissants haïtiens? Il n’est que d’attendre.*Association nationale pour l’avancement du peuple de couleur



Mercredi 8 avril 2009

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