Monday, April 27, 2009

HAÏTI / CULTES REFORMÉS / Mais qui sont-ils, ces « bergers » qui dirigent les troupeaux ?

Les « cultes réformés » pullulent comme des champignons. Ils sont partout, même dans les coins les plus reculés du pays. Leurs dirigeants aussi viennent de partout et sont, le plus souvent, de « faux bergers », comme en témoignent les scandales dont ils font l’objet régulièrement. Comment réagit l’État, particulièrement la Direction générale des Cultes ?

Hier, on accusait un pasteur qui entretenait un orphelinat dans la Grand’Anse de trafic d’enfants. D’autres sont soupçonnés d’abuser sexuellement de leurs fidèles ou encore de garder par-devers soi les dons faits à l’église. Aujourd’hui, la rumeur veut qu’un pasteur, également sénateur de la République, soit impliqué dans un scandale sexuel… avec une mineure. La nouvelle choque. On en parle dans tous les coins de rue, sur les places publiques et dans les tap-taps. Ce qui pousse certains citoyens à s’interroger sur la mission première des églises et la responsabilité de leurs dirigeants.

Églises : la procédure de reconnaissance

À Delmas 31, à deux pas du collège Saint-Louis de Gonzague, sont installés depuis des lustres les locaux de la Direction générale des Cultes. Elle est coiffée par le ministère des Affaires étrangères et comprend les services de Légalisation, d’Archives et d’Inspection. Une église souhaitant être reconnue par la Direction générale des Cultes (MC) doit respecter les prescrits du décret du 18 octobre 1978 réglementant l’exercice des cultes réformés.

Selon l’assistante-directrice des ressources humaines de la Direction générale de Cultes, il faut : « Déposer le dossier au service de la Légalisation ; le responsable de cette direction l’acheminera aux Affaires culturelles qui, pour sa part, le soumettra, après analyse, au service de l’Inspection. Un inspecteur sera dépêché sur les lieux pour constater si cette nouvelle église répond aux critères établis par la Direction générale des Cultes ». Toutefois, précise madame JeanBaptiste, les dirigeants des cultes réformés, appelés aussi « pasteurs, bergers, ministres… », doivent d’abord adresser une « lettre de demande d’inspection », présenter, entre autres, des pièces d’identité, des pièces relatives à leur niveau d’études, un diplôme d’études bibliques, un certificat d’ordination, un plan d’action pour les deux prochaines années, ainsi que les statuts (aspect doctrinal et règlements intérieurs) signés par tous les membres du comité exécutif de l’église en gestation.

Cultes réformés ou la tour de Babel

La Direction des «Affaires cultuelles» se charge de ce volet. Si le dossier est correct, un certificat de reconnaissance sera remis à l’église qui en a fait la demande ». Nombreuses sont les missions nationales et internationales – les chiffres exacts ne sont pas disponibles – qui ont des dizaines de temples affiliés. Ces derniers fonctionnent sous la couverture des missions susmentionnées, donc ne respectent pas la législation en la matière. « Certains prétendent être pasteurs, alors qu’ils n’ont pas été formés à une institution théologique reconnue. D’autres pensent que l’église est une institution familiale », dénonce Mme Jean-Baptiste, soulignant l’existence d’environ une quinzaine de conflits entre plusieurs églises ou missions évoluant en Haïti. Plusieurs cas sont encore pendants au Bureau des Affaires juridiques de la Direction des Cultes reformés.

D’un autre côté, le décret du 18 octobre 1978 réglementant l’exercice des cultes réformés indique les circonstances dans lesquelles un « berger » peut être destitué : « Délit de droit commun, atteinte à la morale publique, activités subversives contre l’ordre public, incapacité physique ou mentale et détournement de fonds et malversations ». Mais « aujourd’hui, reconnaît notre interlocutrice, les temples illégaux fourmillent un peu partout à travers le pays. Les faux « bergers » également. La Direction des Cultes, faisant face à un sérieux problème économique, ne peut répondre totalement à sa mission. D’ailleurs, il n’est présent que dans quatre départements du pays : Nord, Artibonite, Centre et Sud », regrette l’assistantedirectrice des ressources humaines.

Entretemps, profitant de cette défaillance de l’État, des loups convertis en bergers se la coulent douce au milieu de troupeaux dont la « crédulité fait toute leur science ».




vendredi 25 juillet 2008 in Le Matin

2 comments:

  1. Penses-tu que ce probleme puisse etre resolu???? L'Eglise milieu de culte, devient moyen economique de rendement sur.

    Je pense qu'il faut vraiment une autre maniere de regulariser ce probleme, les lois de 1978 ne conviennent plus pour la population Haitienne de 2009.

    C'est un beau sujet.

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  2. Tout est possible si la volonté est présente. On a un sérieux problème de leadership dans ce pays

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