Depuis vendredi, le quartier de Nérette à Pétion-Ville est le théâtre d’une tragédie sans précédent dans le pays ; l’institution scolaire « La Promesse Collège évangélique», s’est effondrée sur quelque 350 élèves faisant environ une centaine de morts et cent-cinquante blessés (bilan provisoire). Deux jours après le drame, les secouristes haïtiens, américains, canadiens et martiniquais, aidés de volontaires haïtiens, font encore de leur mieux pour sauver des vies, malgré la quasi-certitude qu’il n’y a plus de survivants.
Ce dimanche 9 septembre, deux jours après le drame, des dizaines de corps d’élèves et de professeurs sont toujours enfouis sous les décombres de « La Promesse Collège évangélique » à Nérette. En dépit de l’intervention, samedi, d’experts américains, canadiens et martiniquais, il y a peu d’espoir pour trouver des survivants. Dans les parages dégageant une forte odeur de corps en décomposition, les riverains s’enflamment, contestant les recherches des sauveteurs.
« C’est à nous de sauver nos frères et sœurs, pas aux Américains, ni aux Français, ni aux Canadiens. Nous, on n’a pas peur des décombres », fulmine Jeannot, un curieux habitant les environs et qui se dit prêt à apporter son aide. Mais les forces de l’ordre l’en empêchent. Comme Jeannot, des dizaines d’autres jeunes sont bloqués par un cordon de sécurité composé de casques bleus et de policiers nationaux munis de matraques et de boucliers. Les riverains souhaitent de toute leur force que l’on retrouve des survivants. Les autorités aussi, puisque cet accident illustre la grande faiblesse du système étatique.
« Les risques sont énormes. On ne peut pénétrer n’importe comment sur le site », explique à certains volontaires le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC). Evens Lescouflair invite au respect des consignes, car les experts font de leur mieux pour sauver ceux qui peuvent être sauvés. Le bilan s’alourdit d’heure en heure. Selon les dernières données de la Protection civile, plus d’une centaine de personnes ont été tuées dans l’effondrement du collège.
En plus d’une demi-douzaine de chiens renifleurs emmenés sur les lieux, les 53 secouristes américains et martiniquais ont fait usage de caméras spéciales pour trouver des survivants ou des cadavres sous les décombres. Durant ces trois jours, plusieurs réunions d’évaluation ont eu lieu entre les autorités gouvernementales dont le président de la République, la Première ministre Michèle D. Pierre-Louis, les secouristes étrangers et ceux de la Croix-Rouge.
Qui sont responsables ?
Fortin Augustin, le pasteur propriétaire de l’école, a révélé avoir construit lui-même le bâtiment. Samedi dans la soirée, il s’est lui-même rendu à la police. « Le pasteur est inculpé d’homicide involontaire », a annoncé le porte-parole de la police, Garry Desrosiers. Selon des experts, l’immeuble s’est effondré parce que les normes de construction n’ont pas été respectées.Cet accident, dit le président Préval, est l’accumulation de plusieurs dizaines d’années de désordre. Le chef de l’État a mis en accusation le service des Travaux publics chargé de la vérification de la construction des bâtiments.
La mairesse principale de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent a, pour sa part, déploré le fait que les administrations municipales antérieures se sont révélées coupables de manque de suivi sur ce dossier.« En 2000, explique la mairesse, mon administration avait fermé le chantier du pasteur Fortin alors qu’il n’y avait même pas deux étages. Aujourd’hui, il y en a trois. »
Claire Lydie Parent a également lancé des diatribes contre les inspecteurs de la mairie et ceux de l’Éducation nationale qui n’ont pas fait leur travail. À Nérette, environ 700 enfants et adolescents, de la maternelle à la philo, fréquentaient La Promesse Collège évangélique. Vendredi, alors que les élèves, s’amusaient dans le cadre d’une « journée de couleurs », la tragédie s’est produite … le bâtiment s’est effondré.
Lundi 10 novembre 2008
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