Thursday, July 30, 2009

L’émigration haïtienne : une hémorragie humaine


Essai sur l’Antihaïtianisme Caribo/Nord-Américain (partie 2)


De la « Perle des Antilles » pendant la colonisation, Haïti est passée à l’état de pierre morte, nation cadavérique à laquelle il ne reste que les vestiges d’une période de grandeur. Entre un gouvernement en constant remaniement et des interventions extérieures répétées, le pays perd pied. Son économie est à la dérive et le peuple se vide de ses forces brutes.


Haïti est une île qui a perdu de sa superbe en quelques décennies, aujourd’hui elle paie encore le prix de son audace face aux grandes puissances sous le joug desquelles elle survie. En un siècle, le pays s’est fortement dégradé. De la « Perle des Antilles » pendant la colonisation, elle est passée à l’état de pierre morte, nation cadavérique à laquelle il ne reste que les vestiges d’une période de grandeur. Entre un gouvernement en constant remaniement et des interventions extérieures répétées, le pays perd pied. Son économie est à la dérive et le peuple se vide de ses forces brutes. Dans un rapport à Dominique de Villepin, Ministre des Affaires Etrangères, Régis Debray écrit à propos d’Haïti :Le pays est ruiné.


Le PIB décroît d’année en année (même si les experts ne prennent pas en compte le trafic de stupéfiants). 70% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. La gourde se déprécie de plus en plus et l’inflation dépasse 40% en 2003. La dette publique atteint des niveaux qui font craindre une banqueroute de l’Etat, alors que, par le passé, le pays avait toujours honoré sa signature. Plus d’autosuffisance alimentaire et les exportations ne couvrent que 30% environ des importations. L’économie du pays fonctionne encore grâce aux dons, à l’assistance des nombreuses ONG et aux transferts de la diaspora qui, à eux seuls, représentent 18% du PIB (Debray, 2004 :46-47)


Il confirme la responsabilité des politiques haïtiens dans la dérive du pays : « La situation économique est tout à la fois une conséquence et une cause de l’impéritie des gouvernements, plus particulièrement au cours des cinquante dernières années. Et cette situation est aussi la cause de la persistance de gouvernements satrapesques et prédateurs » (Debray, 2004 : 47).


La France s’accorde sur la responsabilisation des gouvernants haïtiens dans la faillite du pays. Les kleptocraties haïtiennes ont permis l’enrichissement de quelques présidents. Même celui qui devait apporter un changement radical au pitit peizan a sombré dans les mêmes excès : répressions, pillages et ponctions des caisses de l’Etat. Haïti est un pays exsangue. Le peuple a fui, à grands brassages, une patrie qui pourtant lui est chère. D’aucuns pensent que les Haïtiens viennent envahir leur île. C’est un discours récurrent dans les îles de la Caraïbe, et en Floride, excepté au Québec, où la communauté haïtienne jouit d’une image beaucoup plus reluisante.


En effet, le phénomène « Boat People » ne touche pas le Canada où les Haïtiens arrivent majoritairement par voie aérienne – ou terrestre sans doute – compte tenu de la situation intracontinentale de ce pays. Avant de revenir au phénomène « Boat People » lui-même, il faut comprendre les raisons de cette migration. Face à l’incompréhension et aux préjugés, il semble indispensable d’expliquer pourquoi les Haïtiens laissent le pays – comme ils aiment à le dire – et pourquoi l’ailleurs paraît plus attractif.


Les flux migratoires obéissent à des lois. C’est-à-dire qu’un flux n’est pas auto-généré ex nihilo, sans raison initiale. Des centaines voire des milliers de personnes ne peuvent se déplacer d’un point à un autre, sans qu’il n’y ait un déclencheur, un événement qui les exhorte à l’exode. Comme les guerres civiles poussent les réfugiés à quitter leur terre et à s’installer dans des camps aux frontières des pays limitrophes, comme les paysans quittent leur campagne pour s’amasser dans les villes ou dans la capitale pour faire face à la famine, les flux en provenance d’Haïti sont motivés par des facteurs répulsifs.


La théorie des « Push and Pull » ; il y a donc des facteurs répulsifs et des facteurs attractifs à tous flux migratoires. Ce sont ces facteurs qui seront exposés ici pour démontrer le bien-fondé de l’émigration haïtienne. L’immigration en provenance d’Haïti est stimulée par le contexte sociopolitique du pays. Les effets collatéraux de la répression ou de la dictature elle-même, la privation de ses libertés fondamentales, poussent le peuple à quitter l’île de Saint-Domingue pour une destination plus accueillante. Ainsi, la période migratoire contemporaine s’étend des années 1950 à nos jours avec trois pics majeurs. Nous ne traiterons que de la période contemporaine (20ème siècle), même si des flux Haïti/Etats-Unis existaient déjà pendant la période esclavagiste.


Laguerre écrit à ce sujet : « Selon ce qui est traditionnellement dit, entre 1791 et 1803, un large groupe de réfugiés fuyant le tumulte de la révolution haïtienne ont trouvé asile à New York, Philadelphie, Baltimore, Norfolk, Savannah, Charleston et à la Nouvelle-Orléans » (Laguerre, 1998 : 2) [1] . Durant tout ce 20ème siècle, la migration entre Haïti et les Etats-Unis, entre Haïti et l’ailleurs, ne s’est jamais tarie. Comme le souligne encore Laguerre (1998), « il y a eu un flux d’immigration haïtienne vers les Etats-Unis avec des périodes intenses, faibles et latentes [2] ».


L’immigration haïtienne est donc continue mais pas constante. Elle connaît des périodes plus intenses, plus brûlantes que d’autres. Aussi est-il plus essentiel de nous concentrer sur ces phases de migration galopante. On peut constater que les poussées de population vers l’extérieur sont le signe d’un malaise social à l’intérieur du pays d’origine. Il est quasi possible d’en faire une loi généralisable à tous ces phénomènes d’exodes massifs. Ces déplacements massifs de population sont le symptôme de malaises sociaux ou sociopolitiques majeurs. Selon cette logique, une nomenclature de la migration haïtienne peut être analysée et découpée selon deux aspects : premièrement, le type de migrant, et par extension le type de statut du migrant, et deuxièmement, les trois pics migratoires majeurs de ces cinquante dernières années.


Le premier pic se produit pendant l’occupation américaine (1915-1934). En effet, nombreux sont les intellectuels qui quittent le pays, en désaccord avec l’occupation américaine et le système « à la Jim Crow » (Pamphile, 2001) qui y est instauré. Ils sont également soucieux de la main mise américaine sur les appareils étatiques et financiers de la nation haïtienne. Le pouvoir et le savoir – les Américains remodèlent le système scolaire vers une favorisation des formations manuelles et agricoles (Joint, 2001) – sont confisqués aux dirigeants haïtiens, mis sous tutelle et déclarés inaptes à se gouverner eux-mêmes. Ces migrants se dirigent essentiellement vers l’Amérique du Nord (Canada et Etats-Unis). Le second pic concerne la période Duvaliériste (1957-1986).


Evidemment le flux ne connaît pas la même intensité pendant toute cette période. Il se subdivise en deux phases : l’une pendant le gouvernement de François « Papa Doc » Duvalier où le gros des intellectuels se pressent hors du territoire pour gagner l’Afrique et le Canada – où l’on recrutait des enseignants de langue française – mais aussi vers les Etats-Unis. Les idées et les cercles de pensée étant réprimés par la dictature, les intellectuels (écrivains, philosophes, avocats ou enseignants), persécutés ou emprisonnés à tort et, laissent le pays pour fuir les persécutions, persuadés qu’ils reviendront une fois le renversement de Duvalier. Ils organisent même un front anti-duvaliériste à l’étranger.


L’autre se situe pendant la seconde phase du Duvaliérisme – le Jean-Claudisme – où la population migrante voit sa nature évoluer : les paysans et les ouvriers s’engouffrent à leur tour dans le processus. Le facteur répulsif ne tient plus seulement à la dictature en place mais au marasme économique dans lequel le peuple est englué à cause de la crise provoquée par la gestion maladroite d’un président trop jeune, mal avisé et avide de richesse. L’agriculture périclite – l’intervention américaine y a aussi contribué en opérant des mutations dans les productions agricoles, notamment l’annihilation du cochon noir d’Haïti – et les zones rurales sont purgées de leurs bras. Des exodes massifs vers Port-au-Prince et une bidonvilisation de la capitale en sont la résultante.


Le troisième et dernier – et non moindre – pic se produit sous les mandatures de Jean-Bertrand Aristide : c’est la période « aristidienne-lavalassienne » qui se subdivise également en deux phases. Aristide, perçu comme le sauveur de la Nation, une migration inverse, notamment en provenance des Etats-Unis, se répercute plus tard sur un flux qui s’externalise de nouveau lorsqu’un coup d’Etat est perpétré contre Aristide, quelques mois après son élection, en 1991. Donc, de 1991 à 1994, les partisans aristidiens quittent le pays pour aller principalement vers les Etats-Unis (Miami, New York, Boston).


La seconde phase : Aristide, réintégré dans ses fonctions sous l’égide de l’ONU, en 1994, mène le pays d’une main de fer. Une milice armée, défendant les intérêts du Président Aristide, les Chimères, sèment le trouble dans le pays en opprimant le peuple. De 1994 à 2000, c’est le plus fort pic de l’histoire migratoire haïtienne. Les hommes qui quittent le pays sont également, principalement, des paysans, souvent peu instruits ou analphabètes. Car dès la seconde phase du Duvaliérisme, les migrants sont principalement des personnes désargentées. Le gros de la migration concerne les couches les plus pauvres et le phénomène « Boat People » voit le jour.


En somme, la nation haïtienne est progressivement – par saignées successives – vidée de ses énergies, de sa force vitale, le peuple lui-même. La migration n’est pas le simple fait du rayonnement de l’ailleurs. Ils ne quittaient pas leur pays simplement parce qu’attirés par la prospérité des puissances occidentales toutes proches, mais aussi à cause des troubles intérieurs inhérents à toutes les dictatures : répressions, famines, impunité, anarchie.


De cette hémorragie de population découle la diasporisation du peuple haïtien ; il y a un essaimage des migrants le long du littoral caribo-américain (cf. figure 1. « Les flux migratoires en provenance d’Haïti, de 1960 à nos jours ») de l’Amérique centrale à l’Amérique du Nord, en passant par l’Amérique insulaire. Les flux s’organisent des campagnes vers les villes ou la capitale, puis vers l’étranger : en République Dominicaine depuis les années 1920 lorsque les Haïtiens s’y engageaient pour couper la canne et étaient parqués dans les « bateyes » (Lemoine, 1981). Mais aussi vers les îles de Cuba (années 1930), des Bahamas (entre 1960 et 1975) ou les Antilles françaises depuis les années 1970.


Aujourd’hui, ils ont pour destination principale les Etats-Unis où se trouvent, d’ailleurs, les foyers d’implantation les plus importants, Miami et New York étant respectivement les deuxième et troisième villes haïtiennes dans le monde, après Port-au-Prince (cf. Figure 2, « Foyers d’implantation haïtiens dans le bassin caribo-américain »).


Enfin, pour conclure, on constate que cette hémorragie humaine donne lieu donc à une migration exponentielle ; chaque flux étant numériquement supérieur au précédent ; et à deux types de migration : celle des intellectuels qui correspond majoritairement à une migration légale par voie aérienne (Boeing People) et une migration illégale par voie maritime (Boat People). L’immigration haïtienne, s’intensifiant au cours de ces cinquante années va représenter, avec le temps et sa densification, un problème majeur pour certains gouvernements de pays qui voient leurs littoraux « assaillis » par les embarcations de fortune.



Stéphanie Melyon-ReinetteArticle ensitoilé le 10 mars 2009




[1] Traduit de : “According to the traditional wisdom, between the 1791 and 1803 a large group of refugees fleeing the turmoil of the Haitian revolution sought asylum in New York, Philadelphia, Baltimore, Norfolk, Savannah, Charleston and New Orleans” (Laguerre, 1998:2).


[2] Traduit de : “there has been an uninterrupted stream of Haitian immigration into the United States with high, low, and dormant periods” (Laguerre, 1998:2).

Wednesday, July 15, 2009

Haïti/Canada/Coopération/Jamais un sans deux


L'intervention du Premier ministre Michèle Pierre-Louis à Miami à la mi-juin continue à avoir des échos favorables auprès des membres de la Communauté internationale, notamment le Canada. En moins d'un mois, le pays de Jacques Cartier a [posé] deux actions élogieuses en faveur d'Haïti.

Après l'effacement de la dette d'Haïti à son égard, le Canada annonce avoir revu à la baisse le niveau d'alerte « en raison des progrès accomplis en matière de sécurité au cours de la dernière année », indique l'ambassadeur canadien Gilles Rivard. Lors d'une conférence tenue le 10 juillet au local de l'ambassade du Canada à Port-au-Prince, l'ambassadeur canadien Gilles Rivard n'a pas caché sa fierté en indiquant que son gouvernement avait décidé de revoir à la baisse le niveau d'alerte pour les voyageurs canadiens qui veulent entrer en Haïti.

Cette information est disponible sur le site internet des Affaires étrangères du Canada qui informe les ressortissants canadiens sur les destinations à emprunter ou à éviter. En 2008, le site a eu près de 25.000 visiteurs, a ajouté le diplomate qui relevait l'importance de cette nouvelle qui contribuera à attirer plus de touristes et d'investissements dans le pays de la Caraïbe. Actuellement le niveau d'alerte pour les voyages vers Haïti est le même que pour les autres destinations de la région.

Cette nouvelle décision du gouvernement canadien a été chaleureusement accueillie par les responsables du ministère du Tourisme (MT) haïtiens. En effet, le directeur général du MT, M. Fouchard Daniel présent à cette conférence à la place du ministre Patrick Délatour empêché, a mis en exergue l'importance d'une telle mesure pour le tourisme haïtien. L'industrie touristique sera la grande bénéficiaire de cette nouvelle mesure qui intervient à l'approche de la saison estivale, a indiqué le directeur général.

Le président de la Chambre de commerce et d'industrie haïtiano-canadienne, M. Hervé Denis, a pour sa part, estimé que cette annonce arrive au bon moment, alors qu'on assiste à une volonté commune d'aider Haïti à aller de l'avant. Selon lui, il s'agit là d'un pas dans la bonne direction qui peut encourager les investisseurs étrangers à se tourner vers Haïti. Le Canada entretient des relations privilégiées avec Haïti et une enveloppe de 555 millions de dollars canadiens sur cinq ans est dédiée au pays pour encourager les efforts de développement.


Source: HPN

Monday, July 13, 2009

Nou pap dòmi bliye

Notre collaborateur au Matin, écrivain de renom, poète engagé, voyageur, chercheur ... Lyonel Trouillot, vient de publier ses réflexions autour de "l'assassinat " de Jacques Roche, ancien responsable de la section culturelle du Matin - poste qu'occupe Trouillot depuis tantôt 2 ans- Dans cet article, l'écrivain appelle à une conscience nationale pour une meilleure Haïti. "Quatre ans après, écrit Trouillot, les questions que l’on se posait à l’heure des événements demeurent, et les réponses continuent de manquer." ON N'A PAS LE DROIT D'OUBLIER.


Il y a quatre ans se produisait l’un des crimes les plus odieux de notre histoire : Jacques Roche, poète, journaliste, animateur culturel, était victime d’un enlèvement aux abords de son domicile le 10 juillet. Le 15 juillet, soit une semaine avant son anniversaire (il aurait eu 44 ans le 21), son cadavre mutilé était exposé à Delmas. Bras cassés, langue coupée… Inutile de revenir sur les détails de l’horreur. La haine s’associait à la crapulerie. La société, dans son ensemble, avait condamné le crime. La corporation des journalistes s’était mobilisée dans un geste d’unité pour lui rendre hommage.


Quatre ans après, nous n’avons pas le droit d’oublier. Quatre ans après, les questions que l’on se posait à l’heure des événements demeurent, et les réponses continuent de manquer. Pourquoi ? Crapulerie ? Recherche de richesse facile ? Utilisation politique du banditisme ? Jacques ne mâchait pas ses mots et avait parfois prêté sa voix aux mots des autres.


Et comment une société pouvait-elle générer autant de haine ? Ni l’établissement d’un dossier judiciaire complet, ni une analyse approfondie des causes et du fonctionnement du banditisme et de ses rapports éventuels avec certains courants ou certaines personnalités politiques ne permettent d’affirmer quoi que ce soit de précis et de définitif. C’est pour cela aussi que nous n’avons pas le droit d’oublier. Mais l’on pourrait aussi parler de sa vie.


Comme un grand nombre de jeunes, talentueux et se cherchant à la fois des conditions décentes d’existence et une dignité de citoyen d’Haïti et du monde, il avait eu beaucoup de mal à se trouver et à se faire une place. Il n’y avait pas longtemps qu’il s’était trouvé un emploi stable et les moyens de diffuser son œuvre poétique. Il n’y avait pas longtemps depuis que le jeune homme turbulent et impulsif s’était apaisé, sans mollir ni se trahir. On ne peut oublier combien les Jacques Roche de ce pays ont vécu d’années de galère. Productif, utile, en pleine construction de lui-même, Jacques paraissait enfin avoir vaincu un certain nombre d’obstacles quand le pire l’a surpris.


Avec le souvenir d’un homme qui méritait de vivre, d’un homme qui manque à sa famille, à ses amis, à ses collègues, à la communauté des journalistes et des créateurs, le triste anniversaire de l’assassinat de Jacques Roche doit servir à tous de rappel que nous ne sommes pas à l’abri du pire. N’oublions pas de quelles monstruosités la société dans laquelle nous vivons est encore capable. N’oublions pas les immenses efforts qu’il faudra accomplir pour donner forme et vie à ces deux mots si chers à Jacques : la justice et la liberté.




Le Matin, lundi 13 juillet 2009

Saturday, July 11, 2009

FASCH/COMMUNICATION/ AHECS, huit ans déjà !


Je suis membre de l'Ahecs depuis sa fondation. J'ai été président de la Commission de Programmation (CP) de 2002 à 2003. À ce titre, j'ai eu l'honneur de travailler avec de très brillants et brillantes étudiants/tes. Ce fut un rêve devenu réalité! J'aurai toujours en mémoire Darline, Shelda, Odile, Paul, Marie-Ange, Cathia, Maxime, Vasti, Demosthènes, Michelet (le fou)... et j'en passe. J'ose dire qu'avec les maigres moyens que nous possédions, nous avions réalisé des exploits et révolutionné la physionomie des festivités à la FASCH.

Après huit années de durs labeurs en Haïti, Ahecs est mondialement reconnu puisqu'elle est membre de plusieurs confédérations de la Caraïbe et de l'Amérique Latine. Il est temps qu'Ahecs soit nationalement reconnu désormais; Et vu l'expansion des Technologies de Communication, elle devrait être, à coup sûr, supportée par les politiques publiques. Connaissant notre société, cela exigera la validation du Parlement et de l'Exécutif :de la transparence en un mot. Est-ce interdit de penser grand?

Plus haut, plus fort...... OUAAAAHHHHH AHHHECCCCCSSSSSS!


Nous proposons aux lecteurs et lectrices un article du Nouvelliste autour du programme des 8 ans de l'Ahecs.


L'Association haïtienne des étudiants en communication Sociale (Ahecs) célèbre ce week-end son 8e anniversaire. Des activités sont prévues en la circonstance, dont la vente-signature du dernier ouvrage du professeur Hérold Toussaint titré « Haïti et la France, 2003-2004 :un débat escamoté ».

Plusieurs activités, dont conférences-débats, journée de mer et vente- signature seront organisées à l'occasion du 8e anniversaire de l'AHECS regroupant des étudiants et professionnels en communication.Une première conférence se tiendra autour du thème : « Communication et échanges sociales : Plaidoyer pour une politique de communication en Haïti ». Intervenant: le professeur Wilson Jabouin de la Faculté des Sciences humaines où est logée l'association.


La deuxième conférence aura lieu mercredi à compter de 4h pm. Elle sera prononcée par le professeur Hérold Toussaint. Il interviendra sur le thème : « Communication et sens critique : Pourquoi lire Paulo Freire en Haïti ». Le professeur Toussaint procédera le même jour à la vente signature de son nouvel ouvrage. La dernière conférence est prévue pour le vendredi 17 juillet à compter de 1h pm avec le professeur Jacques Jean Vernet. Thème retenu: «Quelle perspective de développement en Haïti ? ».

L'Ahecs qui a pris naissance le 12 juillet 2001 sous l'impulsion de quelques étudiants en communication sociale de la FASCH veut se faire un nom dans le domaine de la communication sociale. Depuis sa fondation, elle se donne pour mission de promouvoir la communication sociale sous toutes ses formes et de faciliter, entre autres, la compréhension des actes de communication. En plus des conférences-débats, une soirée festive se tiendra dans la soirée du vendredi.

À noter que cette association compte dans ses rangs des étudiants de tous les départements de la Faculté des Sciences humaines, à savoir la communication sociale, la sociologie, la psychologie sociale, le service social [...]. En plus de ses bonnes relations avec toutes les entités de la FASCH et du rectorat de l'Université d'État d'Haïti, l'Ahecs entretient de cordiales relations avec des associations internationales oeuvrant dans le domaine de la communication sociale.




Le Nouvelliste

AFFAIRE SOCABANK/ Franck Ciné est blanchi

Photo: DE G. à D. Me Samuel Madistin, M. Franck Ciné, Me Gérad Gourgues et Me Lebon



Après 25 mois d’emprisonnement pour son implication présumée dans la faillite de la Société Caribéenne de Banque, le PDG de la Haitel a finalement recouvré sa liberté ce vendredi 10 juillet 2009, deux jours après que la Cour de Cassation de la République avait ordonné sa mise en liberté. Elle blanchit l’homme d’affaires dans la faillite de la banque précitée.
Les avocats du PDG de la HAITEL disent regretter que la justice haïtienne attende 25 mois pour innocenter leur client. Ils espèrent que ce dernier reprendra ses activités sous peu.


Nous proposons aux lecteurs des liens d'articles écrits au début de 2007 et un des miens retraçant les grands moments de cette affaire. Ils ont été publiés dans les colonnes du Matin en Haïti.

http://www.lematinhaiti.com/Article.asp?ID=5123

http://www.lematinhaiti.com/Article.asp?ID=4547


AFFAIRE SOCABANK / Fortuné persiste et signe: "La résolution du sénat a été monnayée"
Quelque cinq jours après que le Sénat eut voté la résolution annulant les décisions de la Banque de la République d’Haïti (BRH) relatives à l’insolvabilité de la Société caraïbéenne de banque S.A (Socabank), le sénateur du Sud, Jean Gabriel Fortuné (Fusion) persiste et signe : « des sénateurs qui ont voté cette résolution ont reçu des pots-de-vin en échange de leur vote ».
Cette résolution du Sénat de la République, contrairement aux propositions faites par la commission des Finances de la Chambre basse, préconise une solution négociée entre la BRH et la Socabank. De plus, elle exige que lumière soit faite sur les auteurs des malversations relevées dans la gestion de la Socabank et contre lesquels doivent être appliquées les sanctions prescrites par la loi. Après les accusations de Gabriel Fortuné, des sénateurs ont réclamé des preuves.
Une douzaine de pères conscrits ont pris part à une réunion tenue hier lundi au Parlement sous la direction du président Joseph Lambert. Le sénateur du Sud devrait apporter des documents prouvant qu’il y a eu versement de pots-de-vin. Mais, affirme Gabriel Fortuné, à cause de l’absence de certains des parlementaires impliqués dans cette affaire, rien n’est sorti de cette réunion de plus de quatre heures. « J’ai exercé mon droit de réserve », déclare le sénateur Fortuné qui dit disposer de suffisamment d’éléments pour soutenir ses accusations qui provoquent un véritable scandale au Sénat de la république.
Gabriel Fortuné affirme agir « dans le but de contribuer à la création d’un autre État, d’un autre pays ». « Je ne contribuerai à aucune forme de mafia », avertit-il. Dans le souci de trouver une issue à cette crise, le président du Sénat a proposé la tenue d’une rencontre entre les sénateurs Rudy Heriveaux (Lavalas) – absent à la rencontre d’hier – Jean Gabriel Fortuné et lui-même.
Le sénateur de Fusion a catégoriquement refusé, déclarant qu’il n’y a rien à négocier et que cette question doit être traitée avec la majorité des sénateurs et en séance publique.
Selon Gabriel Fortuné, l’homme d’affaires haïtien Franck Ciné, PDG de la compagnie de téléphonie mobile Haitel, aurait versé plus de US $ 200, 000 dollars américains à un groupe de sénateurs afin d’obtenir leurs votes en faveur de la dite résolution. Certains sénateurs auraient reçu $20,000 dollars américains alors que d’autres ayant également voté la résolution n’auraient reçu pas plus de US $ 2000 à 5000.
Le sénateur Fortuné révèle en outre qu’ « une autre somme a été réclamée par des sénateurs après le vote de la résolution. Mais, Franck Ciné, bien qu’il leur ait donné rendez-vous, est parti pour l’étranger ». Gabriel Fortuné sollicite par ailleurs « plus d’explications de la BRH sur les transactions frauduleuses commises par l’ancienne administration de la Socabank ».
Les parlementaires réagissent
Le premier sénateur de la Grand’Anse, Michel Clérié (Fusion) regrette que « les sénateurs ont voté si prématurément cette résolution. On pourrait en discuter davantage et attendre l’assemblée du 3 février prochain ». Le sénateur Evallière Beauplan prend le contre-pied de la déclaration du premier sénateur de la Grand’Anse. « La BRH n’est pas là pour accaparer les actions d’une autre banque. Le processus est discriminatoire. Donc, il est normal que les sénateurs votent en faveur de cette résolution présentée par la commission des Finances du Sénat », soutient- il.
Partisan de la résolution votée, le sénateur du Nord, Kelly Bastien (Lespwa) explique que « la BRH est à la fois juge et partie dans ce dossier. Après des discussions, elle s’est montrée prête à tout laisser tomber. La politisation du dossier a abouti au fait que l’Exécutif affiche une certaine partialité envers la BRH alors qu’il devait en être autrement».
D’autres partisans de la résolution estiment que « l’Exécutif aurait dû consulter le Parlement sur la question car les deux chambres avaient été saisies du dossier depuis quelques mois ». Certains d’entre eux menacent d’adopter des mesures de destitution à l’encontre de Gabriel Fortuné pour ses déclarations dites « gratuites et non fondées ». Menaces contre lesquelles le sénateur Fortuné réagit en prévenant : « Je lâcherai ».
Exécutif VS Législatif
De l’avis de plusieurs observateurs, « une crise se dessine entre l’Exécutif et le Parlement déjà éclaboussé » à l’heure où d’autres crises institutionnelles ne sont toujours pas résolues. Pour le sénateur Beauplan, « cette crise est en état latent. L’Exécutif n’agit pas directement ». Le ministre des Affaires étrangères, Raynald Clérismé, précise pour sa part que « l’Exécutif est en attente du rapport préliminaire des trois avocats mandatés dans le but d’assister et de représenter l’Etat haïtien dans les poursuites provoquées par l’état d’insolvabilité de la Socabank ».
Mais Gabriel Fortuné est clair : « La résolution constitue une réplique directe à l’arrêté présidentiel pris le 19 janvier dernier en appui à l’engagement des 3 avocats mandatés [par l'Exécutif]. C’est extrêmement grave que des membres de la 48e législature se soient engagés dans une entreprise de consolidation d’une véritable mafia financière en Haïti, contre de justes mesures de la BRH et de l’Etat haïtien visant la préservation et la sauvegarde de certains intérêts », a déploré Gabriel Fortuné, cité par Radio Kiskeya.
Les sénateurs impliqués dans le vote de la résolution souhaitent que celle-ci ait force de loi par sa publication, aux bons soins de l’Exécutif, dans le journal officiel de la République, Le Moniteur.

Friday, July 10, 2009

Et le spectacle continue !


Michael Jackson est mort (25 jiin 2009). Que n’a-t-on pas dit sur ce roi de la musique pop ? Ce «lutin androgyne » et « icône de notre angoissante modernité ». L’artiste qui a fait danser et chanter plusieurs générations a incarné la mondialisation de la culture intercommunautaire à l’américaine. Dès «Jackson Five » qui ont fait danser toute la planète avec des tubes comme « I’ll Be There » au « We are The World », chanson réalisée avec d’autres artistes et dédiée aux victimes de la faim en Éthiopie.

Le chanteur « adolescent » qui n’a jamais grandi charriait dans sa musique sans frontière une certaine idée du monde, une sensibilité à fleur de mots, terre d’élection de tous les extrêmes. J’ai vu un soir du 2 novembre, dans la fraîcheur tropicale des mornes de Kenscoff, un guédé réalisé le fameux pas à reculons, ce qui me laissa perplexe sur l’origine de cette influence.

Qui donc pouvait avoir imité l’autre ? Était-ce une connexion mystique ou simplement cathodique entre notre guédé et le jeune prodige américain. Michael Jackson était « l’évènement culturel » le plus médiatisé des temps modernes et à écouter chacune de ses chansons on refait quelque peu l’histoire des jeunesses du monde pendant un demi-siècle.
Sa vie ballottée entre les sommets et les abysses est un manège étourdissant qui fait tourner les têtes, fascine et révulse et donne raison à l’autre qui disait que la « beauté est une fleur du mal ». Entre ceux qui l’adulent et lui pardonnent tout et ceux qui dans leur certitude le vouent aux gémonies et souhaitent donc qu’il aille chanter en enfer. La vérité doit être quelque part, entre les deux et peut-être a-t-il déjà connu l’enfer, ce monstre sacré qui voulut rendre réel le petit monde de Peter Pan jusqu’à vouloir jouer « au docteur » avec des enfants dans son ranch mythique.
Michael, prince de la musique pop et victime glorieuse de la star system. Michael, « ange » et « démon » ou « extra-terrestre », est incontestablement une créature hybride qui est entré désormais dans l’éternité. Un machin façonné par un monde implacable et un père redoutable, « an american hero » à la vie controversée et qui emporte avec lui dans « son lieu de vérité » les clefs qui auraient permis de comprendre une existence pleine de mystères et surtout un homme désespérément seul dans la foule.
Celui qui fut « l’empereur du Vinyle » et qui a révolutionné le show-biz, a électrisé les jeunes du monde entier avant de devenir une sorte de Frankenstein dont la peau martyrisée reflétait ses souffrances mentales. « Un gamin génial broyé par la machine à fric » écrivit un lecteur du Monde. À l’annonce de sa mort, les machines à sous de tous les casinos du monde ont fait « jackpot » et l’industrie du spectacle se frotte les mains et se prépare à rejouer sur un autre registre son fameux tube vidéo du « mort vivant » ou son visage se métamorphose en celui d’un squelette.

« Yo déjà pran zonbi Michael » ! Mais sa musique et sa danse rappelant selon Martin Scorcese « le mercure en mouvement » ne s’arrêteront jamais.







Roody Edmé, Le Matin, 29 juin 2009

Bill Clinton/Haïti / Constat des lieux !


L’ancien président des Etats-Unis et actuel représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Haïti, William Jefferson Clinton est dans nos murs depuis la soirée du lundi. Dans le cadre de sa mission dont le but n’est pas encore clairement défini selon certains commentateurs haïtiens, c’est la première visite officielle de M. Clinton dans son rôle d’envoyé spécial en Haïti.

Arrivé dans la soirée du lundi 6 juillet 2009 aux environs de 9 heures, il a été conduit dans le plus grand secret à son lieu de résidence pendant son séjour en Haïti. Nous savons cependant qu’il a rencontré le président Préval dans la soirée du lundi pour une réunion de travail.Cependant, l’itinéraire, les buts ou même la durée de la visite de Bill Clinton en Haïti tombent sous le sceau du secret d’État.
Aucune rencontre avec la presse n’est prévue lors de ce voyage. M. Clinton a visité Carrefour- Feuilles, Cité Soleil et la ville des Gonaives. Il a eu des séances de travail avec le Président Préval, Madame le Premier ministre, des membres du secteur privé, des représentants d’organisations internationales travaillant sur le terrain et des acteurs de la société civile.

C’est en hélicoptère que Bill Clinton et René Préval sont arrivé aux Gonaives mardi matin. Accompagné des ministres de l’Agriculture et de l’Intérieur, des responsables de la Minustah, et des autorités locales, ils ont fait une visite des lieux pour constater des progrès effectués dans les travaux d’aménagement, suite aux intempéries de l’année dernière. Lors de cette visite aux Gonaïves ce mardi, le président René Préval a tenu à clarifier un point important « Bill Clinton est un grand ami d’Haïti, il ne vient pas pour gouverner mais plutôt pour jouer un rôle de coordonateur de l’aide à Haïti ». [Il] précise que M. Clinton ne va pas gérer cette aide.

[Le président Préval] a également démenti la rumeur qui prétend que l’ex-président Clinton voudrait avoir son bureau au Palais national. Bill Clinton, indique le président haïtien, aura son bureau à Washington. L’ancien ministre Lesly Voltaire est chargé de monter un bureau en Haïti pour faire la liaison avec le bureau de M. Clinton aux États-Unis, a-t-il ajouté.

Après les Gonaïves, Bill Clinton est rentré à Port-au-Prince. Il poursuit sa visite dans une usine de transformation de mangues à Cité Soleil. C’est ainsi que dans la journée du mardi, vers les trois heures, il a visité un projet de transformation de déchets en briquettes dans la zone de Carrefour-Feuilles. Mercredi, il a rencontré des hommes d’affaires haïtiens pour discuter des défis et opportunités que confronte ce secteur clé pour le développement du pays.

Cependant, les présidents des deux chambres, haute et basse, n’ont pas caché leurs frustrations face à l’atmosphère de secret d’État qui entoure le but de la visite de Monsieur Clinton en Haïti. S’exprimant sur les ondes de Radio Vision 2000, le président du Senat, le Docteur Kelly C. Bastien et celui de la Chambre des députés Monsieur Louis-Jeune Levaillant ont dénoncé le caractère trop "top secret" de la mission du représentant de Ban Ki Moon ainsi que son implication dans des dossiers importants pour l’avenir des haïtiens tel l’environnement.
Notons que lors de sa première visite avec le secrétaire général de l’ONU, Bill Clinton s’était fait accompagner par des personnalités ayant des connaissances et des liens d’affaires avec Haïti. Citons, le docteur Paul Farmer, un spécialiste du sida œuvrant en Haïti depuis de longues années, Dennis O’Brien de la Digicel ou Doug Baker, le PDG de Laureate Education. Le salaire officiel de Bill Clinton en tant que représentant de l’ONU en Haiti est d’un dollar symbolique. Parce que Bill Clinton est l’époux de l’actuel ministre des Affaires étrangères des États-Unis, les avocats du Département d’État ont du donner leur approbation légale à cette nomination.

En effet, la fondation caritative de Monsieur Clinton œuvre déjà en Haïti dans les secteurs de la santé, du Sida, de l’environnement et du développement économique. Il ne saurait y avoir des conflits d’intérêts entre les différentes activités privés des Clintons et la politique étrangère américaine.






Le Matin, mercredi 8 juillet 2009