Tuesday, May 12, 2009

Travail domestique / Un Restavèk est désormais un travailleur en Haïti !



Les gens de maisons ne seront plus traitées comme des « Restavèk »* mais étant que travailleurs / euses domestiques. C’est en fait une déduction de la ratification par le Parlement (5 mars par le Sénat et le 6 mai 2008 par la chambre basse) d’une loi révisant le statut du personnel domestique.


« Cette loi, soumise quelques mois plutôt, par le ministère à la Condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), en plus de la reconnaissance de l’ouvrage domestique comme un travail, place les membres de ce secteur sur un pied d’égalité avec, entre autres, ceux et celles de l’industrie, du commerce et de l’agriculture ».

On attend encore le texte de loi pour une analyse en profondeur. À part ce texte, le MCFDF avait également soumis aux parlementaires trois autres avant-projets de loi portant sur le travail domestique, la paternité et la filiation et le « plaçage » (concubinage).

La ministre à la Condition féminine, Marie Laurence Jocelyn-Lassègue estime que « le vote de cette loi marque désormais un tournant dans [la] lutte pour l’amélioration de la situation des femmes haïtiennes [qui] constitue un pilier important dans le développement économique du pays. Le respect de ses droits et la revalorisation de son apport au sein des structures de travail contribueront au renforcement des paramètres qui engendrent nécessairement la croissance et la réduction de la pauvreté de la population en général, notamment des femmes ».

Mais la ministre Lassègue, selon Alix Laroche du Matin, reconnait que « la protection du travail domestique doit [...] être renforcée dans notre législation, conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef), ratifiée par Haïti en 1996. ». Complexe est le sujet, considérant la dimension socio-culturelle de la question et les dispositions juridiques antérieures prises par l’État.

Question socio-culturelle

En Haïti, certaines familles provinciales, dépourvues de moyens économiques et souhaitant l’ascension sociale de leurs enfants, accordent ces derniers soit à une famille d’accueil de la classe moyenne ou de l’élite urbaine ;. Il se peut aussi que ce soit une tante, un oncle ou des voisins de la province. Cela s’est transformée en tradition.
Dans d’autres cas, ce sont des citoyens / citoyennes sans emplois, accordant leur service à une famille pour quelques milliers de gourdes (1 500 gourdes en moyenne par mois, soit environ 180 dollars américains) ou pour un sou.

Depuis quelques dizaines d’années, les parents démunis des provinces confient de plus en plus leurs progénitures « à des familles elles-mêmes très pauvres. Ce qui renforce la vulnérabilité de ces enfants, qui peuvent se retrouver dans la prostitution, la délinquance, voire [enrollé] dans des gangs armés [ou forment leurs propres cartels] »**. Comme l’a noté Alterpresse, « Plusieurs de ces enfants déambulent à longueur de journée, dans les rues des grandes villes, en train de quémander, « le plus souvent sur demande d’une tante » qui récoltera, à la fin de la journée, le gain réalisé... »

Les 200 000 enfants en domesticité ( 70% sont des fillettes), selon les derniers chiffres 2007 de l’Unicef, éprouvent le pire. Ils n’ont pas droit aux loisirs, voire l’école, et ne s’habillent pas décemment. Ils s'occupent assidûment des tâches ménagères (aller à la recherche de l'eau, faire la vaisselle, cuisiner, laver les linges, etc). À la moindre maladresse, voire une perte de dix gourdes, on leur offre des raclées. Jour et nuit, ils sont violentés et n’ont pas le droit d’en parler.
Et il n’y a pas que les enfants. Même les adultes, surtout les femmes de maison, font face aussi à d’énormes difficultés, surtout les cas répétitifs de viol ; les maris ou les fils y ont souvent recours pour exprimer leur supériorité.

Toute personne placée en domesticité, cependant, n’est pas forcément Restavèk ou Restavèk en devenir. Cela dépend de la famille d’accueil. Car, il y a de ces enfants en domesticité qui, aidés par la famille d’accueil, sont aujourd’hui de grands professionnels de la place, d’autres sont membres de l’équipe nationale de foot-ball et d’autres encore des professeurs ... et j’en passe.

Dispositions juridiques

Le code du travail haïtien est supposé protéger les enfants de moins de 12 ans. Ils n'ont pas le droit d'être employés domestiques. Les personnes qui engagent des jeunes doivent avoir un permis. Malgré tout cela et en plus de la pauvreté, il y a des enfants en Haïti qui sont employés domestiques.

La « main-d’œuvre soumise à un régime spécial » a été traité au Code du Travail de 1961. Le chapitre 1 intitulé : « Des gens de maison », ne considérait pas les personnes travaillant au sein des familles comme des travailleuses et travailleurs au même titre que les employés/employées des secteurs commercial, industriel et agricole et ne bénéficiaient pas des avantages légaux prévus dans ledit code.

Suite à la révolution de 1986, la Constitution de 1987 a ouvert la voie permettant aux générations futures de repenser les dispositions du Code du Travail, particulièrement celles relatives aux gens de maison. La ratification de la loi relative au statut des personnes en domesticité est un grand pas vers l’amélioration des conditions de vie de cette frange de la population.

Les lois à elles-seules, toutefois, ne peuvent tout résoudre. Il faut des mesures drastiques de la part du gouvernement et de la société civile pour enrayer le problème de l’analphabétisation, contrecarrer l’exode rural, penser et exécuter une politique d’emplois pour lutter contre le tôt si élevé de chômage...finir avec cette dichotomie « moun an deyò/ moun lavil », élevé le niveau de citoyenneté, etc.


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* Restavèk est considéré comme une forme de traite de personnes, surtout d’enfant. Une grande partie d’entre eux provient du milieu rural. Plusieurs de ces enfants ont entre 7 et 10 ans. Les familles haïtiennes sont souvent très pauvres alors elles envoient leurs enfants dans des familles d'accueil pour travailler.

Souvent ces enfants sont maltraités, battus et exclus de la vie de la famille d'accueil. Ils ne mangent pas la même nourriture que la famille, etc. Il s’agit d’un régime déshumanisant et éreintant, marqué par de lourdes tâches domestiques, des violences physiques et cruautés mentales, obligation de participer à de pires formes de travail proches de l’exploitation.

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